Le silence de Bucarest / Bucurestiul atît de tacut
"Lorsque je rentre le soir, je marche à pas lents, empruntant, la plupart du temps, des rues détournées, émerveillé, à chaque fois, par le silence de Bucarest, la nuit. Je dérange les chiens qui dorment blottis sur les bouches d'égout. Ils me regardent, les yeux à moitié collés par le sommeil, sans lever la tête. Quand aux chats, ce sont des fantômes indolents, vous avez à peine le temps de les distinguer qu'ils ont déjà détalé à un ou deux mètres de votre pied. Si je m'écoutais, je ne sortirais qu’à la nuit tombée, je m'accrocherais à ce corps immense et brillant, tatoué de bâtiments construits dans tous les sens et tournerais autour de lui jusqu'à ce que je perde l'équilibre. Une ville anesthésiée où dort une baleine géante et où le dernier habitant éveillé, moi, est accroché à son dos et tente d'arriver chez lui."
"Cînd ma intorc seara acasa, merg incet, de multe ori o iau pe strazi ocolite si ma tot minunez cum poate fi Bucurestiul atît de tacut noaptea. Mai deranjez cîini care dorm ghemuiti pe capacele de canal. Ma privesc cu ochii pe jumatate lipiti de somn, fara sa-si ridice capetele. Pisicile sunt niste aratari moi, pe care nici nu am timp sa le deslusesc prea bine, ca au si zbughit-o la mai mult de un metru, doi, de piciorul meu. Daca ar fi dupa mine, n-as iesi decît pe inserat si m-as invirti pâna as ameti in jurul acestui corp imens si lucios, tatuat cu cladiri construite in fel si chip. Un oras anesteziat in care doarme o balena uriasa, iar eu, ultimul locuitor ramas treaz, ma catar pe spinarea ei si incerc sa ajung acasa."
Alex Galmeanu
Commentaires
Enregistrer un commentaire