Rien n'a changé



Que s'est-il passé depuis le 9 juillet 2010 ?

En ce début d'année, dans un pays dénommé Roumanie, je me demande comment je vais.

Je vais. Je vais, je viens dans Bucarest, à vélo ou à pied, j'erre dans ses immenses boulevards, me fondant au milieu de gens que je ne connais pas mais que je crois comprendre.
Je crois en ce pays quand autour de moi, tout dit le contraire. La Roumanie n'a pas changé. Elle est fuie par les Roumains, moquée, sermonnée, incomprise, imprévisible, comique et tragique.

L'économie est au plus bas, le système social inexistant, le médical est en syncope, l'éducatif n'en parlons pas.
Rien n'a changé, la Roumanie est restée un chien vagabond boiteux, que certains veulent éliminer quand d'autres lui tendent la main.
Je tends ma main. Rien n'est jamais sûr, je peux la perdre ou recevoir une caresse. J'ai récolté quelques morsures et écorchures, je suis parfois tombée mais je me suis relevée, aidée d'une autre main et sans doute protégée par une bonne étoile.

Roumaine, mon étoile...

A la question que l'on me pose si souvent : « pourquoi as-tu choisi de vivre en Roumanie? » Je ne sais toujours pas quoi répondre. Je n'ai toujours pas de motifs valables pour avoir quitter la belle France pour la Roumanie, pour avoir choisi la grisaille au lieu du bleu de la Bretagne.
Je ne peux que décevoir, je ne fuis pas un pays en guerre, je n'ai pas suivi un beau Roumain pour lui donner ma main, je ne suis pas non plus l'ambassadrice de l'oréal en Roumanie.

Non, je ne suis rien de tout ça.

Je ne suis qu'un animal de plus, errant dans les rues de Bucarest.

Condamnable car il a volontairement quitté le flamboyant pour le gris.

Mais lorsque le gris prédomine, la plus petite lumière prend des allures de feu d'artifice.
Chez moi, chaque soir, de ma fenêtre qui donne sur l'Icône, je vois des petites lumières multiformes s'allumer et me saluer.

En haut, les étoiles,
en face, les lumières,
en bas, des chiens errants.

Et aussi des enfants s'endormant les yeux larmoyants, sur un bout de carton, auprès d'une bouche d'aération.

Ces enfants, que je verrais demain, sur mon chemin, qui riront, s'exclameront, m'interpelleront. Nos regards se croiseront. Nos yeux se répondront, ma main cherchera, posera.

Ils seront encore là les jours d'après.

Je serai là aussi.

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