Chère Bucarest / Draga Bucuresti





Chère Bucarest,

Après plus de six années passées à tes côtés, le temps est venu de t'écrire cette lettre qui te parviendra au détour d'une rue, d'un kiosque à fleurs ou d'un marchand de covrigi.

Je la lâcherai de mon balcon, elle volera et s'arrêtera quand tu seras disposée à la prendre dans tes grands bras désarticulés et à lire cette épître que je t'adresse.

Commençons par le début et les présentations, car il serait inconvenable de ne pas me présenter à toi, alors que moi j'ai l'impression de te connaître presque intimement. Toi qui m'accueille depuis plusieurs années, tu ne sais même pas qui je suis, d'où je viens, ce que je fais, et pourquoi j'ai décidé de faire un atterrissage forcé chez toi plutôt que chez un autre. Alors voilà, je suis une jeune femme qui a atterri par hasard sur une planète appelée Bucarest. Née dans un pays que nous appelons France, je me sens aujourd'hui plus roumaine que française et je suis vue par mes compatriotes comme une folle aux tendances suicidaires et par les Roumains comme une extra-terrestre. Des deux côtés, je suscite la stupéfaction. Chacun de croire que je ne resterai pas longtemps à Bucarest, que le pays des droits de l'homme et des clichés finira par me manquer outre-mesure et que je rappliquerai au premier vol. Eh bien non !!! Cela fera bientôt sept ans que je vis ici, et je ne suis pas près de partir, j'ai ma carte de résidence (de résistance ai-je failli écrire) depuis 6 mois et j'en suis fière. Je compte aussi demander la nationalité roumaine !!! 

Pardon Bucarest, mes doigts s'enflamment tout seuls sur les touches de mon clavier et les points d'exclamation. Mais parfois j'en ai marre, parfois j'ai mal au cœur quand j'entends ce qu'on dit sur toi, quand je lis des articles ou quand je vois des reportages rabaissant sans arrêt la Roumanie aux problèmes qui aujourd'hui ont hélas fini par la définir à l'étranger ; alors que  la France est la terre du vin, la Roumanie est la terre des pots-de-vin ; alors que la France est le pays des lumières, la Roumanie est un pays perçu en gris ; alors que Paris est la ville à visiter, toi tu es la ville où il faut passer sans s'arrêter…  
Et pourtant, c'est bien chez toi que j'ai débarqué un 1er septembre pour m'occuper de livres et de littérature française. Deux mois après, je décidai que la littérature roumaine était plus intéressante que celle de mon pays, suscitant la stupéfaction et l'effroi chez mes concitoyens. J'avais aussi compris que les gens d'ici étaient plus intéressants, mais je n'osais pas le dire de peur de froisser les autres. 

Bucarest, tu as donné du sens à ma vie, et de la vie à mes sens.

Quand on arrive dans un pays inconnu, la vue est le premier sens mis à l'épreuve. Les premiers jours qui ont suivi ce 1er septembre, je reconnais que j'en ai vu de toutes les couleurs (pardonne-moi le mauvais jeu de mots.) Bucarest, ces premières semaines, tu as vraiment tout fait pour me dégoûter, tu avais mis tes ternes habits de bloc gris, tes foulards aux couleurs criardes, jaunes et rouges, vantant des marques de téléphone ou de boissons gazeuses, tu ne t'étais pas coiffée et tes fils électriques  pendaient négligemment au-dessus du nez des gens, tes joues de béton exhibaient fièrement des bulles rouges annonçant clairement qu'en cas de séisme tu t'effondrerais comme un château de cartes, engloutissant tes locataires sous tes décombres. Ai-je été dégoûtée ? Effrayée ? Sonnée devant ce spectacle ? Pas du tout. Bien au contraire, crois-moi Bucarest. Les premiers mois, j'ai usé mes semelles sur tes pavés défoncés et vu des couleurs que tu ne soupçonnent même pas : sais-tu que derrière tes foulards publicitaires criards, il y a de la vie et des gens ? J'en connais certains et la première fois que j'ai croisé leur regard, j'ai aussitôt senti que je devais rester parmi eux, j'y ai vu une promesse, j'y ai vu une vérité abrupte, une invitation à être soi, sans artifice, une  incitation à prendre la lumière des êtres et à laisser les paraître sur le bas-côté des Champs-Élysées. 
Sais-tu que ces fils électriques te vont très bien ? Certains d'entre eux te donnent un air charmant de bohème, ils me font penser aux papillotes de Louis de Funès dans Rabbi Jacob, et d'autres forment de véritables œuvres d'art en s'entremêlant aux hauts piliers sur lesquelles tu te tiens. Et puis ces ronds rouges que tu portent sur tes grosses joues te rendent humaines, une légère couperose qui ne veut pas passer, une adolescence retardée qui s'en ira bientôt dès que tu auras accepté de te faire traiter...

Mes yeux se sont parfaitement habitués à ton insolence bigarrée et aujourd'hui, je crois même que je suis moi aussi devenue un peu comme toi : un objet visuellement non identifiable. 

Chère Bucarest, grâce à toi, mes oreilles ont droit à un florilège sonore permanent : le roulis de la ligne 5 du tramway dans lequel je me sens bercée puis soudainement malmenée ou malmenée puis soudainement bercée (un peu comme dans la vie), le chauffeur de tramway devenant momentanément le Dieu des passagers,  pouvant décider de passer doucement et prudemment sur les nombreux trous de sa ligne ou au contraire d'avancer sans délicatesse, donnant aux voyageurs des airs de marionnettes désarticulées. Chère Bucarest, c'est ainsi que tu me parles : tu vas à l'essentiel, tu ne mets pas les formes et je t'en remercie. Tu es une école de la vie et j'écoute sagement tes leçons même si parfois elles sont un peu difficiles. Mes oreilles ont très vite aimé ta langue, tes « ș », tes « ț », tes  « ă » et tes «  î » ont rythmé les premiers pas que j'ai fait dans tes allées, les «iță » et les « ică » m'ont donné la légèreté et l'assurance qui me manquaient et certains de tes mots que j'essaie encore aujourd'hui de prononcer correctement, ont provoqué chez moi (et chez d'autres) de mémorables fous rires : « mahală », « bâlbaî », « hartă ». « Undeva » est quant à lui le mot que je préfère dans ta langue, beaucoup plus poétique que notre bien prosaïque « quelque part »...

Quand je sors et que tu me prends dans tes bras, quand tu souffles ton air chaud ou froid sur mes joues, ma peau se colore, vivant et réagissant au souffle de ta bouche. Je me love dans ta brise, m'enroule à tes fils et tournent dans ton grand manège. A chaque tour, je gagne un ticket pour le  suivant et j'avance ainsi dans le grand tourbillon de la ville. Au passage, j'écope parfois de quelques écorchures ou de bleus, mais rien de grave, je cicatrise vite et les marques que tu laisses sur ma peau me rappellent que j'existe. Parfois, le soir, quand il n'y a, je crois, personne d'autre que moi, je m'assieds par terre dans le parc du cirque, à quelques pas des nénuphars, je glisse mes doigts dans l'herbe et je te sens sous mes doigts. J'entends même ton sang bouillonner et ton cœur palpiter.

L'été, quand je rentre chez moi, mon nez se frotte au parfum des tilleuls qui dès le printemps remplissent les allées de tes jardins et me font t'aimer davantage. A la même époque, ces tilleuls doivent se partager le territoire avec les « mici » qui fleurissent massivement les cours et les terrasses, offrant en plus de leur odeur incomparable une épaisse fumée allant se mélanger à la couleur rose et bleue que prend ton ciel les soirs d'été. Une couleur que j'essaie moi aussi d'immortaliser en photo mais mon appareil est bien incapable de retranscrire le spectacle que tu m'offres chaque soir. Le nez collé à la fenêtre de mon salon, je te fixe des yeux et découvre à chaque fois une nouvelle histoire. Au chapitre des senteurs, les tilleuls et les « mici » ont un concurrent de taille en la personne de tes taxis jaunes dont les délicats désodorisants viennent vous chatouiller le nez à 25 mètres de distance et embaument vos vêtements pour toute la journée, vous permettant de faire des économies sur le budget cosmétique. Les stations de taxi étant souvent à proximité des fleuristes, il serait facilement possible si nous étions dépourvus du sens de la vue, de nous tromper et de demander un taxi à la fleuriste et un bouquet de chrysanthèmes au chauffeur de taxi...

Dans tes cuisines, j'ai droit à des saveurs bien différentes des saveurs de ma Bretagne. Le simple covrig acheté le matin n'a certes rien à envier à notre croissant pur beurre mais sa forme et la variété de ses arômes sont appréciés par mes papilles qui aiment le goût des choses simples. Le petit verre de țuica vient vous réchauffer juste quand il faut et vous fait dormir d'un sommeil sans rêve ni cauchemar.  Et la zacuscă et la mamaligă sont aussi réconfortantes qu'un doux souvenir de famille. Mais ce qui fait toute la saveur de ces plats, c'est surtout l'endroit où ils vous sont servis et les gens avec qui vous les partager. Bucarest, tu as un tel goût de l'hospitalité ! Tes cafés et restaurants ne ressemblent pas à des maisons, elles SONT des maisons. Je m'y sens bien à toutes les saisons : l'été dans les jardins ou les cours dans lesquels poussent les légumes et les fruits que je peux goûter, l'hiver, dans des pièces de vie réaménagées  en salles de restaurant où les plats circulent comme la vie. Les gens se réunissent ici simplement pour partager des moments simples autour de mets simples et entourés de chats dont la présence visuelle, olfactive, tactile et sonore m'apaise comme la contemplation de la mer.

Chère Bucarest, il est temps pour moi de conclure cette longue lettre que je t'adresse. A toi qui a donné un sens à mes sens, je promets de prendre soin d'eux, de les cultiver et de les parfaire car sentir c'est finalement aimer.

Je t'embrasse.

Fanny Chartres

Texte écrit pour la revue Bucurestiul, meu drag
Dossier Bucarest à travers les 5 sens, d'Ileana Partenie .
Photo : Ileana Partenie

Dragă București,

După mai bine de șase ani petrecuți lângă tine, a venit timpul să-ți scriu această scrisoare care-ți va parveni de-a lungul unei străzi, lângă un chioșc cu flori sau vânzător de covrigi.

Am să-i dau drumul de la balconul meu, iar epistola pe care ți-o adresez va fi purtată de vânt pentru a se opri in brațele tale mari și dezarticulate, atunci când vei fi dispus s-o citești.

Să începem cu începutul și cu prezentările pentru că nu s-ar cuveni să nu mă prezint ție, în timp ce eu am impresia, că te cunosc aproape în profunzime.
Tu care m-ai primit de câțiva ani, nici măcar nu știi cine sunt, de unde vin, ce fac și de ce am decis să fac o aterizare forțată mai degrabă la tine decât în altă parte.
Uite : sunt o tânără care a aterizat din întâmplare pe o planetă numită București. Născută într-o țară pe care o numim Franța, mă simt astăzi mai degrabă româncă decât franțuzoaică și sunt văzută de compatrioții mei ca o nebună cu tendințe sinucigașe iar de către români, ca o extraterestră. De ambele părți, stârnesc stupefacție, toți crezând că nu voi rămâne mult timp în București, că țara drepturilor omului și a clișeelor îmi va lipsi atât de mult, încât voi lua avionul pentru a mă întoarce. Ei bine, nu !!! Sunt aproape șapte ani de când trăiesc aici și nu sunt gata de a pleca, de șase luni am cartea de rezidența (era cât pe-aici să scriu, de rezistență) cu care mă mândresc. Intenționez de asemenea să solicit cetățenia română !!!

Scuză-mă București, degetele aleargă febrile pe tastatură și pe semnele de exclamație. Dar câteodată mi-e destul, câteodată mă doare sufletul când aud ceea ce se spune despre tine, când citesc articole sau văd reportaje care reduc fără încetare România, la problemele care din păcate, au ajuns s-o definească în străinătate. În timp ce Franța este țara vinului, România este țara bacșișurilor; în timp ce Franța este țara luminilor,  România este o țară percepută ca cenușie; în timp ce Parisul este orașul de vizitat, tu ești orașul prin care trebuie să treci fără a te opri…
Și totuși, am debarcat chiar la tine pe un întâi septembrie, pentru a mă ocupa de carți și de literatura franceză. Două luni după aceea, decisesem că literatura română era mai interesantă ca aceea a țării mele, suscitând stupefacția și spaima concetațenilor mei. Înțelesesem de asemenea, că oamenii de aici erau mai interesanți, dar nu îndrăzneam s-o spun ca să nu-i ofensez pe ceilalți.

Bucureștiule, tu ai dat sens vieții mele, și viață simțurilor mele.

Când ajungi într-o țară necunoscută, vederea este primul simț solicitat. Trebuie să recunosc că în primele zile care au urmat acelui întâi septembrie, am văzut de toate pentru toți. Bucureștiule, în aceste prime săptămâni, ai făcut cu adevărat totul pentru a mă dezgusta: te îmbrăcaseși cu hainele de bloc cenușiu purtând fularele tale în culori stridente, lăudând mărci de telefon sau băuturi gazoase, necoafat, cu firele electrice atârnând deasupra nasului oamenilor, obrajii tăi de beton etalau mândrii bulinele roșii, anunțând că în caz de seism, te-ai prăbuși ca un castel de cărți de joc, îngropându-ți locatarii sub dărâmăturile tale. Am fost dezgustată ? Speriată ? Năucită în fața acestui spectacol ? Deloc. Dimpotrivă, crede-mă București. În primele săptămâni mi-am tocit pingelele pe pavajul tău deteriorat și am văzut culori pe care nici măcar tu, nu le bănuiai: știi că în spatele fularelor tale publicitare atât de țipătoare, există viață și oameni?
Cunosc câțiva și de prima dată când le-am întâlnit privirea, am înțeles imediat că trebuie să rămân printre ei, am văzut o promisiune, am văzut un adevăr abrupt, o invitatie sa fiu eu insami, fara artificii, ceva m-a ademenit sa ma las scaldata de lumina oamenilor si sa ma desprind de aparente, lasandu-le deoparte, pe marginea bulevardului Champs-Élysées.
Ai idee ce bine îți vin cablurile electrice ? Unele dintre ele iți dau un aer șarmant și boem,               făcându-mă să mă gândesc la perciunii lui Louis de Funès din Rabbi Jacob, iar altele formează adevărate opere de artă împletindu-se cu stâlpii pe care te sprijini. Și apoi, bulinele acelea roșii pe care le porți pe obrajii tăi mari, te umanizează, dându-ți o adolescența târzie, o ușoară rozacee care nu vrea să treacă,  dar care s-ar duce imediat ce ai accepta să o tratezi…
Ochii îmi sunt perfect obișnuiți cu pestrița ta insolență și astăzi cred chiar că și eu am devenit un pic ca tine – un obiect neidentificabil vizual.

Dragă București, datorită ție, urechile mele au drept la o antologie sonoră permanentă : balansul tramvaiului 5 în care mă simt legănată, apoi dintr-o dată bruscată, sau bruscată și apoi dintr-o dată, legănată (cam ca in viață), vatmanul tramvaiului devenind pentru moment Dumnezeul pasagerilor, putând decide să treacă ușor și cu prudență peste nenumaratele gropi de pe linie, sau dimpotrivă, să avanseze fără delicatețe, dând călătorilor aspectul de marionete dezarticulate. 
Bucurestiule drag, îți mulțumesc pentru cum îmi vorbești : direct, mergând la esențial, fără a te formaliza. Ești o școală a vieții și-ți ascult cuminte lecțiile chiar dacă uneori, sunt un pic cam grele.
Foarte repede, urechilor mele le-a plăcut româna ta, « ș »-urile și « ț »-urile tale, « ă »-urile și           «  î »-urile tale mi-au ritmat primii pași pe care i-am facut pe aleile tale, «iță »-urile și « ică »-urile mi-au dat ușurința și siguranța care-mi lipseau, iar unele dintre cuvintele tale pe care încerc chiar și astăzi să le pronunț corect, mi-au provocat mie și altora, memorabile crize de râs nebun: « mahală », « bâlbaî », « hartă ». Cât privește cuvântul « undeva », este cel pe care-l prefer din limba ta, mult mai poetic decât prozaicul nostru « quelque part »...

Când ies și mă prinzi în brațe, suflul tău cald sau rece îmi atinge obrajii, îmi coloreaza pielea, simțind și reacționând la respirația ta. Mă culcușesc în briza ta și invăluită de cablurile tale, urc în marele tău manej.
Cu fiecare tur, mai câștig un tichet pentru urmatorul și astfel avansez în imensa agitație a orașului. În trecere, mai capăt câteodată câteva zgârieturi sau vânătăi, nimic grav, mă vindec repede, iar semnele pe care mi le lași pe piele, îmi amintesc că exist. Câteodată, seara, în parcul circului, când nu cred că mai este cineva în afara mea, mă așez pe pământ, la cațiva pași de nuferi, îmi trec degetele prin iarbă și te simt sub ele. Îți aud chiar sângele fierbând și inima bătându-ți.
Vara, când mă întorc acasă, nările mi se umplu de parfumul teilor, parfum care din primăvară, este pretutindeni pe aleile grădinilor tale și mă face să te iubesc și mai mult. În aceeași perioadă, acești tei trebuie să-și împartă teritoriul cu micii care împânzesc masiv curțile și terasele, oferind în afara mirosului lor incomparabil, un fum gros care se amestecă cu albastrul-roșiatic al cerului tău din serile de vară.
E o culoare pe care încerc și eu s-o imortalizez în fotografie, dar aparatul mi-e incapabil să retranscrie spectacolul pe care mi-l oferi în fiecare seară. Cu nasul lipit de fereastra sufrageriei, te fixez cu privirea și descopăr de fiecare dată, o noua poveste.
La capitolul mirosuri, teii și micii au un concurent de marcă în persoana galbenelor tale taxiuri, a căror delicațe dezodorizantă vine să vă gâdile nările de la 25m distanță și vă îmbibă hainele pentru toata ziua, permițându-vă să economisiți la bugetul cosmetice. Stațiile de taxi fiind adeseori în vecinătatea florăreselor, ar fi posibil ca, dacă am fi lipsiți de simțul vizual, să ne înșelăm ușor și să cerem un taxi florăresei și un buchet de crizanteme, șoferului de taxi…
În bucătăriile tale, am dreptul la savori foarte diferite de cele ale Bretagnei mele. Simplul covrig cumpărat dimineața nu are sigur, nimic de invidiat croissantului nostru, unt pur, iar forma și varietatea aromelor lui sunt apreciate de papilele mele gustative cărora le place gustul lucrurilor simple. Păhărelul cu țuică vine să vă încălzească exact atunci când trebuie și vă aduce un somn fără vis și nici coșmar. Iar zacusca și mămăliga sunt la fel de reconfortante ca o dulce amintire de familie. Dar ceea ce dă savoare tuturor acestor feluri de mâncare este mai ales locul în care vă sunt servite și oamenii cu care le împărțiți.
Bucureștiule, tu ai un așa gust al ospitalității ! Cafenelele și restaurantele tale nu seamănă a case, ele SUNT case. Mă simt bine în aceste case în toate anotimpurile: vara – grădinile sau curțile în care cresc legumele și fructele pe care le pot gusta, iarna – în camere de locuit reamenajate în săli de restaurant, în care felurile de mâncare trec precum viața. Oamenii se adună aici pur și simplu pentru a împărtăși momente simple, în jurul unor feluri de mâncare simple, înconjurați de pisici a căror prezență vizuală, olfactivă, tactilă și sonoră mă liniștește ca și contemplarea mării.
Dragă București, este timpul să închei această lungă scrisoare pe care ți-o adresez ție, care dai un rost simțurilor mele ; promit să mă îngrijesc de ele, să le cultiv și să le împlinesc pentru că a simți este în defintiv, a iubi.

Fanny Chartres

Traducere din franceza : Ileana Partenie, Luminița Alexandrescu.

Text aparut in revista Bucurestiul, meu drag 




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