Le poème du mardi appartient au grand Gheorghe Crăciun . Celui-ci et quelques autres ont été découverts après sa mort par sa fille, puis publiés par la revue Observator cultural . **** Cela fait longtemps que je n’écris plus de poésie. Je ne sais plus comment ça s’écrit une poésie. J’ai perdu le sens du langage intermittent. Mon corps est éveillé et fatigué. Les cheveux continuent de déployer leur sauvagerie. Dehors l’hiver noir jaillit. Les rues sont envahis par le bruit de mon coeur. La conscience morale, cette conscience morale d’emprunt. Les souvenirs font tout sombrer, dans les bas-fonds les plus profonds. Les souvenirs sont les jouets de mes nerfs tendus et raidis. La raideur de la fibre de l’arc La raideur du fil d’acier dans l’anatomie interne du piano. La raideur des doigts, la pointe du cri dans le vide. Je n’écris plus de poésie. Je ne fais plus de métaphores. Je n’ouvre plus les yeux le matin pour vivre la même aventure répétable. Je tourne dans la cage Mes dents effr...
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