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Affichage des articles du 2012

Portrait de famille

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Elle a une famille ici. Il y a tout d'abord le vieil homme installé sur un carton de la place Romana, qu'elle a connu avec la jambe entourée d'un gros pansement blanc devenu jaune puis marron. Fin septembre, le pansement est parti, et tous ont vu la jambe brûlée, et tous ont continué leur chemin, pressés, empressés d'arriver à leurs bureaux, boutonnant leur téléphone ou leur lecteur mp3, les yeux sans expression, ne voyant plus rien, avançants et ignorants, les gens. La femme qui commence sa journée de quête à la même heure qu'elle part travailler. 8H10, elles se croisent sur le même trottoir. Perchée sur ses hauts talons, de loin, vous pourriez la confondre avec une femme d'affaires allant à une réunion importante, sûre d'elle, ayant un but précis, une mission. De près, ses yeux noirs qui louchent légèrement vous sourient et vous incommodent. Elle s'assied à la porte de la supérette, prend son carton et entame ainsi sa journée

Plaît-il?

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Il y a ce qui nous plaît et ce qui nous plaît vraiment. Dans la première catégorie, je mettrais les petits plaisirs à la Amélie Poulain : le premier doigt de pied pénétrant l’eau que personne n’a encore touchée (la fille au maillot de bain bleu turquoise, au bonnet et aux lunettes qui lui laissent des marques autour des yeux deux jours durant, c’est moi) ; le retour de la piscine pédalant dans une espèce de ouate enivrante (la fille qui sourit d’un air béat sur son vélo dans les boulevards embouteillés et pollués de Bucarest, c’est aussi moi)  ; les nuit bleues lorsque mon chat vient se blottir dans le creux de mon cou et ronronner à mon oreille, me racontant tout ce qu’elle a fait de sa journée, tout ce à quoi elle a assisté juchée sur son trône d'où elle voit tout le boulevard Stefan Cel mare ; les nuits blanches lorsque, parcourant les rues de la ville, mon amie la lune me guide et me réchauffe ; les jours de pluie lorsque je peux me glisser dans ma cape rouge et me faire

Des nouvelles de Roumanie

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Voici des nouvelles (d'autres) de Roumanie: lisez-les, vous ne le regretterez pas... Cela commence avec une Angoisse (Gabriela Adameșteanu) que nous n'oublierons jamais, puis nous continuons avec une histoire survenue Bien des kilomètres avant (Lucian Dan Teodorovici) et avec une Branche d'olivier (Radu Cosașu) brisée, dont nous prendrons soin, avant de rencontrer un homme qui a toujours froid et dont le Cri (Laurențiu Brătan) révélera une Contorsionniste (T.0. Bobe) démontrant une mobilité et une adaptabilité absolument hors du commun; un peu plus loin, nous découvrons cette Russe du deuxième (Ana Maria Sandu) au domicile établi à Bucarest, puis nous partons voir une noce dont les Photos de mariage (Răzvan Petrescu) ne nous quitteront plus, alors nous nous allongerons aux côtés des Magiciens de l'île de Sylt (Filip Florian), avant de partir à la fête foraine pour connaître L'ourse Lili et la baleine Goliath (Florin Lăzărescu) car il faut mieux rése

samedi 12H12

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n'est ni poète ni traductrice ni fille ni femme ni française ni roumaine est quelque part entre deux eaux deux êtres n'a ni père ni mère a une soeur qui souffle dans son coeur elle avance avec elle et quelques autres: anamihaivladdianamaria elle continuera ainsi jusqu'à ce que... et peut-être oubliera... et peut-être se fera papillon oui peut-être peut être?????????????????????????????????????????????????????????????????????????

c'est à peu près tout

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c'est à peu près tout de ma vie je me rappelle la moitié un quart à dormir un quart à rêver j'avance sur un fil de fer je fume m'implique le moins possible le moins possible les yeux se reposant dans les yeux la voix je ne l'entends pas les mains se mélangent le moins possible puis vient le matin comme un habit dans lequel je ne rentre plus Blues pour chevaux verts  de Letitia Ilea ( le corridor bleu ) cam atât jumătate din viaţă îmi aduc aminte un sfert dorm visez un sfert merg pe sârmă fumez mă implic cât de puţin cât de puţin ochii se odihnesc în ochi vocea-n auz mâinile cât de rar se îngână dimineaţa vine ca o haină în care nu mai încap Blues pentru cai verzi de Letitia Ilea (editura Cartea Româneasca)

Une journée dans la vie de la famille D. / O zi din viața familiei D.

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Une journée dans la vie de la famille D. I. Par la fenêtre ouverte, j'entends papa chanter dans la salle de bain, j'entends le merle siffler serenissimo et je me rappelle les vers de József Attila: “tous les matins j'arrose mes pensées d'eau froide pour qu'elles restent fraîches et entières”. J'attends l'instant où papa renoncera aux mots, et après la deuxième strophe se mettra à siffler. II. Devant l'écran maman se tord les mains. Je lui demande qui ils ont encore tué dans cet épisode. Elle me dit que le paysage ressemble au Danube à Orschowa au printemps. Je m'imagine les acteurs retirant leurs costumes et commençant à se rouler dans les fleurs jusqu'à ce qu'ils se couvrent de pollen. III. Je suis dans le jardin sous les arbres en bourgeons parmi les brins d'herbe tremblant comme les pattes des faons, mais je m'énerve, je n'arrive pas à les suivre. Quand j'étais petit j'y arrivais sans effort. Andrei

Rien n'a changé

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Que s'est-il passé depuis le 9 juillet 2010  ? En ce début d'année, dans un pays dénommé Roumanie, je me demande comment je vais. Je vais. Je vais, je viens dans Bucarest, à vélo ou à pied, j'erre dans ses immenses boulevards, me fondant au milieu de gens que je ne connais pas mais que je crois comprendre. Je crois en ce pays quand autour de moi, tout dit le contraire. La Roumanie n'a pas changé. Elle est fuie par les Roumains, moquée, sermonnée, incomprise, imprévisible, comique et tragique. L'économie est au plus bas, le système social inexistant, le médical est en syncope, l'éducatif n'en parlons pas. Rien n'a changé, la Roumanie est restée un chien vagabond boiteux, que certains veulent éliminer quand d'autres lui tendent la main. Je tends ma main. Rien n'est jamais sûr, je peux la perdre ou recevoir une caresse. J'ai récolté quelques morsures et écorchures, je suis parfois tombée mais je me suis relevée, aidée d'une autre m