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Affichage des articles du 2023

Un dimanche

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 Un dimanche, un livre, un passage... L'Échiquier , de Jean-Philippe Toussaint, ed. Minuit.

Il n'y a donc pas de solitude de... Mircea Ivănescu

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 Mardi, c’est poésie, c’est Roumanie. Et aujourd'hui, j’ouvre la porte à Mircea Ivănescu dont la poésie a réussi, pour reprendre les propos de Gabriel Liiceanu, « à pousser les mots dans un territoire qui semblait leur rester inaccessible : le territoire de « l’instant » ». Si tous les instants pouvaient être des poèmes, je choisirais ceux de Mircea Ivănescu. Et le premier serait celui-ci : *** Il n’y a donc pas de solitude, nous sommes toujours plus nombreux – en nous-même,  où que nous allions – et qu’importe combien de fois nous implorions     les autres d’avoir pitié de la solitude  de celui ou de celle qui se cachent, aux aguets, en nous.   À l’évidence, c’est surtout quand nous prions ceux qui nous entourent et déroulons devant eux ce que nous nommons solitude,  un parchemin couvert d’une écriture arrondie – c’est alors surtout là que nous ne sommes pas seuls.  (C’est plutôt   quand nous sommes seulement nous, et qu’en nous, de l’intérieur,   l’un tourne le dos, par tromperie

Beaucoup de choses de... Letiția Ilea

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 Mardi, c’est poésie, c’est Roumanie. Et aujourd'hui, c'est  Beaucoup de choses dans le très beau Blues pour chevaux verts de Letiția Ilea (éditions Le Corridor bleu , 2012). *** BEAUCOUP DE CHOSES je dois apprendre ce matin à regarder au loin vers l'aube des neiges fondues à desserrer ma bouche en un sourire insignifiant à m'habiller pour la saison de la peur puis je dois me rappeler de beaucoup de raisons une chose qui doit être continuée une action noble un vers réussi perdu au milieu de papiers poussiéreux oui j'ai beaucoup de raisons, le cactus, le chien je dois aussi en oublier beaucoup d'autres pour la plupart de plus en plus délicates et le vieux problème de la compréhension s'aggrave à mesure des jours qui passent la matinée s'écoule en établissant des permutations des combinaisons et autres options plans échoués timides décisions dans les scories de l'après-midi apparaissent de nouvelles choses qui doivent être assimilées rappelées oublié

Je n'écris plus de poésie... de Gheorghe Crăciun

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Le poème du mardi appartient au grand Gheorghe Crăciun .   Celui-ci et quelques autres ont été découverts après sa mort par sa fille, puis publiés par la revue Observator cultural . **** Cela fait longtemps que je n’écris plus de poésie. Je ne sais plus comment ça s’écrit une poésie. J’ai perdu le sens du langage intermittent. Mon corps est éveillé et fatigué. Les cheveux continuent de déployer leur sauvagerie. Dehors l’hiver noir jaillit. Les rues sont envahis par le bruit de mon coeur. La conscience morale, cette conscience morale d’emprunt. Les souvenirs font tout sombrer, dans les bas-fonds les plus profonds. Les souvenirs sont les jouets de mes nerfs tendus et raidis. La raideur de la fibre de l’arc La raideur du fil d’acier dans l’anatomie interne du piano. La raideur des doigts, la pointe du cri dans le vide. Je n’écris plus de poésie. Je ne fais plus de métaphores. Je n’ouvre plus les yeux le matin pour vivre la même aventure répétable. Je tourne dans la cage Mes dents effritée

On a été bien quelque temps... de Moni Stănilă

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Poème du mardi.  Moni Stănilă .   Numéro 34 extrait d' Ofsaid , publié aux éditions Nemira, dans la collection Vorpal. *** On a été bien quelque temps puis les publicités, les discours sur la beauté se sont emparés de la poésie. Les poètes sont allés ailleurs, ils ont réservé la souffrance et l’émotion aux espaces réduits. L’inadaptation et les décalages sociaux. Le discours green et les amours non partagées. La rectitude politique. L’esthétique d’un match de foot. Les ruines morales des grandes villes. Puis la pandémie est arrivée. La peur et la frustration généralisée. La virtualisation de la vie sociale. La poésie s’est entêtée à rester ce qu’elle avait été. Mais la claustration a été plus forte. Et tous ont pensé que c’était le plus dur. Là est arrivée la guerre, tout près de nous, et les poètes ont cessé de chercher des pauses de respiration, ce qui se disait est devenu plus tranchant que n’importe quel vers.   Plus violent que n’importe quelle pandémie. Les titres des journau

Quelques poèmes de... Mariana Marin

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Mardi, c’est poésie, c’est Roumanie. Alors on part à la croisée des poèmes de Mariana Marin , et on en traduit trois, extraits de La întretăierea drumurilor comerciale, poeme alese de Claudiu Komartin ("À la croisée des routes commerciales", poèmes choisis par Claudiu Komartin), publié par les éditions Cartier.   Unique poème d’amour J’essaie de faire une reconstitution apaisée de ma vie (oh le vif tendre déchirant poème). Je regarde la chambre blanche, je la sens, je la touche, je ne crie pas, jusqu’au moment où elle se vide d’air et me met entre les bras un amas de textes jaunis. Je fais un geste avec la main droite. La peur d’être capable d’exister sans ma main droite me trouble plus que la nuit froide de ma naissance. Je ne fais plus aucun geste avec ma main gauche. Je regarde la chambre blanche (je regarde la chambre blanche) et je sais: les textes fanés ont le goût de l’herbe... Ceci est un unique poème d’amour, je dis Ceci est un poème d’amour, je crie la bouche plein

Quelques poèmes de... Svetlana Cârstean

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Mardi, c’est poésie, c’est Roumanie. Alors on plonge dans Sînt altă ( " Je suis une autre ") de Svetlana Cârstean et on traduit quelques poèmes extraits de son dernier recueil publié chez Nemira.   " j’ai attendu le matin pour me comporter comme se comportent les gens le matin en premier lieu je me suis regardée dans le miroir et je n’ai rien trouvé de ce que je connaissais même le matin n’y était pas c’était toujours le soir le soir d’avant "   " cette ombre d’amour pour laquelle tu traverserais la nuit cette mer d’ombres par laquelle tu marches pieds nus les cheveux défaits et le sac sur le dos toi tu sais ce qu’est la beauté mais cela ne suffit pas et ne garantit rien tu dis il y a tant de beauté ici tant de beauté alentour ne détourne pas les yeux ne regarde pas en arrière je me suis entraînée pour ce moment convaincue que ceux qui savent ce qu’est la beauté font partie de la tribu des vainqueurs inconnus que ceux qui savent ce qu’est la beauté ne se bles

Quelques poèmes de... Cătălina Bălan

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Mardi, c’est poésie, c’est Roumanie. Alors on ouvre les « Cutii » (Boîtes) de Cătălina Bălan et on traduit ses micro-poèmes, publiés aux éditions Paralela 45.   " notre ville est plus à toi qu’à moi toi tu es né ici, moi elle m’a adoptée une seule chose je t’ai demandée une seule être toujours au centre de la ville, au centre de l’attention" "je sens un parfum sucré et repoussant de vieille femme j’attends et je calcule au plus juste le temps qu’il me reste avant d’être sèche et aigre je ne sais pas ce qu’il vaut mieux dire alors que mon métier est de communiquer seules les femmes d’un certain âge savent toujours quoi dire et quand" "je préfère qu’il ne m’arrive rien une vie de femme au foyer laide et grosse mais en paix avec ce qu’elle est" "se promener ou se rendre à un travail de merde n’est pas la même chose tout comme regarder la vue d’une terrasse avec des yeux de patron ou de serveur n’est pas la même chose"    

On se voit bientôt !

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 Je serai en dédicaces au Festival du livre de Paris (au Grand Palais Ephémère) dimanche 23 avril, de 10h30 à 12h00, sur le stand de l’Ecole des loisirs (stand A51). Vous venez? Illustration : Églantine Ceulemans

Et le mistral gagnant

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De retour de Livres en fête à Saint-Raphaël, je refais défiler les rencontres, les visages, les lueurs.  J’ai rencontré des élèves et des enseignants d’ici et d’ailleurs.  J’ai lu, parlé, ri avec eux.  J’ai fait des ateliers d’écriture, j’ai partagé des discussions joyeuses et flottantes avec des auteurs super chouettes, j’ai visité un casino et réalisé que ce n’était pas pour moi, j’ai écouté le mistral souffler la nuit en repensant aux enfants et adolescents que j’avais vus dans la journée.     Tendres pensées à chacun d’entre vous et notamment à vous, les élèves de 5e Segpa du collège Villeneuve. J’ai eu la chance de vous rencontrer grâce à vos enseignantes, Danièle et Elsa. Le temps de 2 heures, la salle du Palais des congrès s’est transformée en une petite bulle de joie et d’émotions. On est ressortis avec le sourire et la fierté d’avoir parlé, lu et écrit ensemble. Le lendemain, L., tu es revenu, et tu as acheté Solaire . Si tu savais quel beau cadeau tu m’as fait là.   Merci aus

Il est sorti !

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 ... et déjà entre les mains des enfants.  Joie ! École André-Malraux de Courbevoie.