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Affichage des articles du 2011

Le silence ne sera qu'un souvenir

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“Si toutefois je peux me permettre un conseil, n'oubliez pas que les fins heureuses n'ont jamais été le fort des histoires tsiganes. N'allez pas chercher fleurs bleues et long jupons ourlés d'or, on vous rirait au nez, et laissez les roulottes dans leur cimetière, ça fait une paye que le joli folklore n'est plus d'actualité. De la vie de bohême avec laquelle votre inconscient continue peut-être de nous marier, vous savez bien qu'il ne reste presque rien, quelques vieilles ritournelles et les cheveux bouclés de Carmen, tout ça ne pèse pas bien lourd dans l'héritage laissé aux suivants. Ce qui fait le poids, c'est tout le reste, tout ce qu'on met sur le dos du Rom avant même qu'il ne sache se tenir droit. Le nourrisson n'a pas poussé son premier cri qu'on lui demande de se taire, il n'a que trois cheveux sur le crâne qu'il est déjà pouilleux, et à peine parvient-il à aligner trois mots qu'on l'accuse de mentir. Un jour

Champagne !!!

par Ana Maria Sandu Reims se situe à une demi heure de Paris, en TGV. Je suis partie au Week end M'auteurs avec l'idée que j'allais arriver dans le li eu où l'on fait le champagne et que les organisateurs, Joël Simon et Isabelle Leseur , que j'avais déjà rencontrés à Bucarest sont des gens chaleureux et très enthousiasmés par tout ce qu'ils font dans leur association culturelle, Nova Villa. En fait, au bout de trois jours p assés à Reims (6-9 octombrie), je me suis rendue compte que je ne savais rien, et que j'étais loin d'imaginer qu'il existe au monde un lieu où les auteurs ont la chance immense de connaître leur public dans des milieux les plus informels possible: je veux parler des lectures “en famille”, dans les maisons des habitants de Reims et des environs, dont la seule obligation est d'inviter assez de public et de bien vouloir préparer une petite collation pour après la lecture. Ou que l'on pouvait organiser des lectures pour les

Viva nova

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d'une voix écorchée elle a lu l'écorchure d'une voix foulée elle a articulé les mots imprimés qu'elle avait longtemps regardés d'une oreille indemne elle a écouté les voix d'autres hommes, d'autres femmes, rideau tombé ou rideau levé de son oeil droit voilé elle a croisé des regards de son oeil gauche dévoilé elle a saisi leur envers la voix écorchée est repartie rouge vif et assainie. elle avait compris, l'envers des autres, les monstres, la vie et appliquerait la leçon de Kossi : oublie ! oublier l'abominable et les mots dits trop vite qui écorchent et rayent le disque de la vie. ne retenir que l'éclat des voix et des yeux Merci Reims, merci Nova Villa, merci Joël, merci Charlotte, merci Valérie, merci Vanessa, merci Ana. photo : Gérard Rondeau

autour de tables rondes

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autour de tables rondes à Gheorghe Crăciun, i.m. nous sommes là faisant la guerre d ans nos petites cuillères à café entourés par des boucliers de fumée nous ne nous rappelons même pas depuis quand nous sommes amis depuis quand nous sommes ennemis nous sommes là tout comme il y a deux ans tout comme il y a cinq ans comme dans les autres vies celle-ci est la dernière le chat est mort huit fois déjà c'est la dernière vie mais alors d'où parmi les cendriers et les tasses de café cette certitude que quelque part oui quelque part pas très loin on peut tout reprendre à zéro on peut tout reprendre à zéro sans rides sans rhumatisme sans que les morts ne soient encore trop morts nous parlons nous égarons dans de grands projets mensuels annuels personnels autour de tables basses nous faisons la guerre dans nos petites cuillères à café on peut tout reprendre à zéro nous rions à une question crétine „ y'a t-il une vie avant la mort?” amples ronds de fumée plans projet

Aimer et écrire des poèmes

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Pourquoi je ne m'enfuis pas à l'Etranger  Paul-Eerik RUMMO (poète estonien) 1. Aimer (je veux dire par là : savoir
         être faible et complètement complètement
                 indifférent, quoi qu’il arrive),
 aimer, donc, et écrire des poèmes,
         on peut en définitive le faire partout, et en définitive
                 on n’en vit nulle part.
  2. On ne peut pas toujours être faible
         et se laisser traîner par l’animal poétique qui vit en nous
                 lui aussi parfois
 se repose longuement, et l’amour souvent nous glisse entre les doigts 
les circonstances où nous nous retrouvons exigent alors ruse, courage
                 et cruauté, ennuyeuse ruse, ennuyeux courage —
         et c’est peut-être ainsi partout ailleurs, qui sait ?
  3. Le métis est debout,
 suédois d’un côté, tzigane de l’autre,
 quelques racines finnoises et ingriennes, du sang bleu danois et polonais, 
un chouia de noblesse bas-allemande, 
un peu de russe aussi, dans les dernie

Seine & Danube, la revue de littérature contemproaine

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La revue Seine & Danube c'est par ici : de la littérature roumaine en français des auteurs roumains classiques et contemporains de l'actualité éditoriale des poètes, essayistes, écrivains de Roumanie sous l'aile de traducteurs-passeurs  des voix d'ailleurs se rapprochant de tous les lecteurs http://www.seine-et-danube.com/

Photo de famille

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Et alors reviennent les années de l'enfance 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans puis comme un vide, un saut, un vertige oublié l'enfance partie pffuttt évaporée puis une photo, un sursaut moi aussi, j'aurais donc été une enfant. Elles étaient là elles n'étaient pas parties elles attendaient que l'enfant soit grand une main d'adulte pour les guider retrouver les figures, les gestes des débuts de vie laisser les ombres d'à côté sans chair ni sang. la photo joue avec ses joues que peu ne reconnaîtront un peu amochées par les années elles travaillent aujourd'hui à leur reconstruction. photo :  AC

Lettre à Bucarest

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Pour moi, Bucarest se termine au-delà des deux ou trois kilomètres carrés que je parcours à pied tout autour de toi. Je ne sais pas ce que c'est de vivre ailleurs, parce que je n'ai pas essayé. A quoi bon? Ici je connais presque chacune de tes maisons, je peux dire les yeux fermés où chaque rue se ramifie et depuis presque un demi siècle, je sais que le parc Ioanid est ton coeur et le mien. Je ne vois pas les publicités agressives, ni la circulation impossible, ni les hordes de voyous qui t'envahissent le week end, parce que je sais qu'ils n'ont rien à voir avec toi – ils sont, comme le communisme d'autrefois, éphémères. Je préfère garder mon mouchoir imaginaire sur les yeux et rester avec ton image telle que je la rêve lorsque je suis loin. Je suis peut-être naïf, mais je m'imagine que tout comme ton parc, Ioanid, a été notre abri en plein air cette nuit de mars 1977 1 , toi et mon ombre ne ferez jamais qu'un dans cette ville. Au fond, tu me suppor

Mots et choses

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Mots et choses maintenant que le philosophe s'est endormi il est temps que nous parlions franchement de ce qui nous tue, le baiser sauvage au bout de notre existence. toi ou moi dans l'hôtel aux jours identiques, hachurés nous partons peut-être la mer malade entre nous. même si nous connaissons chacun de nos ongles, nous regardons l'angle d'une chose, le mot millimètre qui peut nous sauver la minute d'après. Valises sacs à dos cintres paquets solidement attachés à la lumière précaire qui filtre sur deux silhouettes immobiles étendues sur un lit, étrusques voyant dans le silence une vertu d'étranger voyageur notre conversation ainsi ne se cognera à aucun meuble. nous serons nous-mêmes, sauvages dans le partage du secret connu. (le philosophe, dans son sommeil, sourira) Alex Leo Ş erban ( Autres pièces, autres voix d'hier - éditions Pandora M) Cuvinte şi lucruri acum că filozoful a adormit e timpul să vorbim răspicat de ceea ce ne ucide, sărutul să

Vais continuer de courir

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Après Toi. Je cours après Toi. Dans une ville noire où les gens en cirés capuchonnés crient et courent, courent après quoi? Leur Opéra brûle, les canaux débordent. Ils crient. Le monde dégringole. Les villes se soulèvent. Je suis Dieu, Attila, le Diable, je ne suis personne. Je ne serai plus un enfant, jamais plus. Je ne serai même plus un garçon. Le restant de mes jours on me dira: tu fais ton âge. Je ferai mon âge, ni plus ni moins. Me contenterai de rester dans la course, sans tricher sur mon numéro de dossard. Vais continuer de courir. Après Toi. Après quoi? Merde, je crois que j'ai peur de la mort.  Fabrice Melquiot-Percolateur Blues Photo : Oliver  Bryce Yates

La logorrhée du rêveur

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Le dernier rêve qui finit la nuit et ouvre la journée Le plus laid Le plus triste Le plus court Comme le coup bas qui vous assène quand vous vous y attendez le moins Le corps étendu L'esprit à la dérive Le rêve vous gifle et laisse sa marque Elle ne vous lâche plus Aujourd'hui, elle vous suivra Partout Ainsi l'a t-elle décidé Là où elle est Elle a le même pouvoir Elle ricane dans sa pièce sur sa chaise elle vous voit et elle ricane Vous la voyez à tous les coins de rue dans tous les plis sur tous les visages de la haine de la folie Vos yeux sont ailleurs Aux abois, cherchant comment lui échapper Ne trouvant rien, aucune issue, aucune lumière Seulement un miroir qui vous renvoie son reflet Mêlé à votre reflet vient alors l'effroi : votre visage n'est plus le vôtre il est devenu le sien Photo : weepy hollow

Instant après instant un nouveau plaisir et une nouvelle frayeur

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Instant après instant un nouveau plaisir et une nouvelle frayeur chaque instant est un nouveau plaisir (quoiqu'il s'y passe). Exponentielle est l'intensité du plaisir grandissant à chaque instant qui passe. Mais – d'un autre côté– même si le temps s'arrêtait, le plaisir continuerait peut-être, inimaginable mais véritable, à grossir. Remplace le plaisir par la peur. Chaque instant, une nouvelle frayeur. Exponentielle est la peur qui augmente à chaque instant passant. Mais même si, d'un autre côté, le temps s'arrêtait, la peur continuerait peut-être à grossir, intraduisible mais jaune, indicible et réelle.   Sorin Ghergu ţ -  Tout   (ouvertures & résidus ) clip ă de clipă o nouă plăcere respectiv spaimă Fiecare clip ă e o nouă plăcere (indiferent ce se-ntîmplă în ea). Intensitatea plăcerii creşte exponenţial cu fiece clipă ce trece. Şi – pe de altă parte – chiar dacă timpul s-ar opri în loc, plăcerea ar continua, cumva, inimaginabil dar adevă

Ne cherche pas

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ne cherche pas la poésie peut-elle dénouer un noeud ? tu me demandes et je te demande bien sûr bien sûr crions-nous d'une même voix mais le maître: ne bavardez pas ne recherchez pas les réponses n'embêtez pas les bêtes et le grand crétin saint dans la cage ou bien souhaitez-vous lors du paiement vous payez avec les noeuds de la toile d'araignée? la cellul e le neurone la gêne la plume la tête d'épingle proviennent depuis trop d'années du noeud famille de non être poussiéreux et de caillot tordue comme le cep de l'idée embryons semblables à la petite brise apportée par le peuple des moustiques chuchoteur véritable et menteur après quoi la poésie dénoue ou resserre – pareillement - ici et là tout au long du temps égal à la largeur de la terre noeud tu écrases entre tes doigts la feuille séchée qui sans réfléchir cesse d'être: aucun doute – elle avait été noeud nu cerceta dezleagă

Somes cities make you lose your head

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Plec maine la Bucuresti, ma rog, ma intorc findca acolo este casa mea. O sa-mi regasesc Bucuresti, sper ca n-a  schimbat, ca este acelasi, acest amestesc de frumos si urat, oglinda omenirii. Acolo voi uita sa vorbesc, voi vorbi limba a mea, un melanj de franceza si romana, imi voi permite o alta gindire infasurata intr-o limba straina, imi voi permite sa fac greseli, sa strig gindirea mea care ar fi in limba mea, vazuta ca de neinteles. Acolo imi voi permite sa aud ceea ce vreau sa aud. Acolo toate superlativele sunt permise, acolo sunt elastice, acolo toate nebuniile sunt permise, acolo furia este permanenta si devine normala. Acolo sunt un fel de OVNI, obiect zburator neinditificat. Aripile mele m-au condus in Romania. Ce sa fac? S-au fofilat intr-o inima uriasa, sangeroasa, un pic bolnava, un pic sufocata, un pic ranita dar atat de adevarata si atat de mare incat sunt in continuare intr-o ratacire salvatoare. Zbor si zborul meu este fara sfarsit, fara obiect, e vorba de un zb

Article Dilema Veche

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Article publié par la revue culturelle  Dilema Veche   dans un dossier thématique sur "la peur" coordonné par Ana Maria Sandu. Il fut un jour où la peur décida de s'emparer de votre corps, elle choisit le vôtre, un peu friable et bancal, un peu malmené et cassé. La peur de ne plus rien maitriser, voilà ce que vous avez ressenti au cours de ces jours passés derrière les murs blancs de l'hôpital. Votre corps et votre âme vous échappant totalement, devenant des jouets aux mains de personnes dont les titres et les diplômes leur donnaient le droit de s'amuser avec vos états. Il y eurent tout d'abord les douleurs : souffrances presque banales de la maladie, et leur conséquence presqu'inévitable : corps vidé de ses forces vous contraignant à une position immobile et soumise sur un lit glacial. Puis très vite, il y eurent l'angoisse devant votre incapacité à reprendre les rênes de votre corps, l'effroi en constatant que vos forces physiques vous fuyaient