Face A - Face B

Face A



l’étoile est mon amie
sur elle je peux voler
en elle je peux murmurer 
mes désirs apeurés

la lune est sa confidente
l’étoile dit à la lune
les désirs qu’elle devait taire
la lune répète à l’oiseau

l’oiseau toque à ma porte
pour me tendre son aile
sur lequel je m’endors
puis me réveille

et comme lui
je peux voler
tournoyer
danser

sans jamais m’arrêter
sans fatigue
ni douleur
légère comme l’air

je parle avec le vent
plaisante avec les arbres
joue avec les nuages
valse avec les feuilles

oubliant les absents
ignorant la terre encombrée
me gorgeant de l’instant
en m’abreuvant de sa rosée

ainsi la vie recommence
heureuse et entière  ; 
une éternelle répétition 
du bonheur d'hier. 

———-
Face B



s’est rêvée écrivant la déclaration d’amour d’une fille à sa mère
c’était beau, chaud, doux
elle utilisait des mots comme ….
aimer, 
et.. 
mais elle a déjà oublié
effacé
pourtant elle lui avait appris à écrire je t’aime
sur des petits papiers qu’elle devait déposer sous son oreiller
elle devait y mettre plein de coeurs et de fleurs
et des étoiles aussi
et répéter à quel point elle l’aimait
à quelle point elle pensait à elle
son mot devait être original et poétique
sinon elle lui disait c’est pas bien
ça se voit que tu m’aimes moins
après tout ce que j’ ai fait pour vous
voilà comment vous me remerciez
alors elle s’appliquait
écrivant plus et mieux
un mot le matin avant de partir à l’école
un le midi pour quand elle se réveillerait de sa sieste
un le soir avant d’aller se coucher, après les devoirs
si elle avait été disputée, deux de plus pour s’excuser
si c’était sa fête ou son anniversaire un très long qui lui prenait des heures
si c’était le week end, elle en faisait aussi 
même si elle n’avait pas école car les dimanches étaient longs et tristes
sa mère les gardait tous dans des boites à chapeau
parfois, elle les ressortait et les lui montrait
lui prouvant que son amour n’était plus comme avant
avant, elle mettait plus de coeurs et de fleurs sur ses mots
maintenant ça se voit que tu te forces
mais maman j’ai grandi lui disait-elle alors
oui, justement, répondait sa mère 
justement…
justement…
maintenant…
maintenant…?
elle lit les lettres d’amour qu’écrivent d’autres enfants à d’autres mamans
c’est beau, doux, chaud
des poèmes dédiés à des mères dévouées, tendres, aimantes
dedans il n’y a ni coeurs ni petites fleurs
et c’est sans doute mieux ainsi
leurs auteurs sont grands
elle les envie secrètement
mais elle ne peut plus écrire comme avant
il fut un temps où elle aussi écrivait des mots d’amour à sa maman
un temps où elle croyait qu’elle avait la plus belle de toutes les mamans 




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