Aux Goélands

Une classe de mer à l'automne, une parenthèse iodée remplie d'instants suspendus, heureux et généreux, que j'ai rapportés avec moi, à la manière du collectionneur d'instants de Quint Buchholtz. 

En haut de ma collection, il y a cette veillée littéraire aux Goélands, au cours de laquelle comme Les Inoubliables, chaque enfant a présenté un objet de chez lui, de son pays, de sa famille, de son passé. Parfois un peu chargé, le passé, pour un enfant de 10 ans. Je pense à cette pierre qui avait appartenu à une grand-mère qu’on ne rencontrera pas, mais que nous avons tous eu l’impression de connaître un peu grâce à sa petite-fille, je pense au grand pagne brandi par cette autre élève, comme la racine d’un arbre à laquelle elle s'accrochait, je pense aux nombreux doudous que d’autres avaient apportés, nostalgie précoce d’une enfance où les questionnements, les doutes et les peurs s'apaisent avec un morceau de tissu ou un ourson éborgné. Et le plus beau, l’objet de cette enfant oscillant entre colère et joyeuseté, entre renoncement et résistance, qui n’ayant trouvé aucun objet chez elle, avait choisi un simple feutre, bleu, car ce bleu c’était la couleur des yeux de son grand père, c’était l’échappée. Les larmes dans ses yeux, je ne les oublierai pas, des larmes de joie et de fierté, car elle nous avait offert une part d’elle-même, la part camouflée, la part la plus belle. 

Merci à Francoise Raguin et Jessica Labarrere de l’école André-Malraux de Courbevoie, merci la mer de Saint-Guénolé, merci le chien-la-tempête, merci les enfants.






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